Washington, R. D.C. — Ce vendredi 27 juin,
Dans une salle feutrée du département d’État américain, une poignée de main a capté l’attention des diplomaties du monde entier. Celle des ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC), scellant un accord de paix aux termes ambitieux, mais au potentiel historique. Derrière cette image sobre : un tournant décisif dans l’un des conflits les plus meurtriers de l’histoire contemporaine de l’Afrique.
Un texte négocié sous haute tension
L’accord, signé sous l’égide des États-Unis, avec l’appui du Qatar, met fin à plusieurs mois de tractations intenses. Depuis février, Washington s’était montré inhabituellement actif dans ce dossier, imposant même des sanctions ciblées à des figures rwandaises et à des membres du mouvement rebelle M23. Une manière d’annoncer que la patience stratégique avait cédé la place à une volonté de peser concrètement sur la stabilité régionale.
Dans les couloirs de Foggy Bottom, les discussions ont été longues, parfois tendues. Selon des sources diplomatiques, le compromis final aurait été arraché à la suite d’un marathon nocturne de 17 heures, en présence du secrétaire d’État Marco Rubio.
Ce que contient l’accord
À la clé : un retrait programmé des forces rwandaises de l’est de la RDC sous 90 jours, la création d’un mécanisme sécuritaire conjoint, et surtout, un cadre de coopération économique régional inédit.
Objectif affiché : transformer l’est congolais en hub de développement et d’extraction responsable des minerais critiques lithium, cobalt, cuivre tant convoités par les industries technologiques occidentales.
Un fonds d’investissement de 2,5 milliards de dollars, soutenu par des partenaires américains, qatariens et européens, serait en cours de structuration pour financer les premières infrastructures.
Entre scepticisme et espoir prudent
Malgré les sourires de circonstance, le climat reste teinté de prudence. Si Kinshasa salue un « engagement fort des États-Unis en faveur de la paix durable », plusieurs analystes notent l’absence notable du M23 à la table des signataires. Le groupe rebelle, accusé d’exactions et de déplacements forcés dans les Kivu, fait encore l’objet de discussions séparées à Doha.
À Goma, l’accord est accueilli avec un mélange d’espoir et de circonspection. « Tant qu’aucun soldat n’a quitté les collines, ce sont des mots », murmure un enseignant rencontré dans un centre de déplacés. Mais certains y voient aussi un signal positif : pour la première fois, un accord évoque le développement comme vecteur de stabilité, et non plus seulement la désescalade militaire.
Un tournant stratégique pour Washington
L’implication américaine dans ce processus n’est pas qu’humanitaire. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large de sécurisation des chaînes d’approvisionnement en minerais stratégiques, dans un contexte de rivalité croissante avec la Chine sur le continent africain. Plusieurs conseillers proches de l’ancien président Trump, aujourd’hui de retour à la Maison Blanche, ont publiquement soutenu l’accord, y voyant une « victoire géoéconomique autant que diplomatique ».
Un document confidentiel consulté par notre rédaction évoque déjà la possible concession d’un site minier clé à un consortium américano-congolais, avec des clauses strictes de transparence et de respect environnemental. Si cela se concrétise, ce serait une première dans l’histoire récente de la région.
La paix peut-elle naître d’une alliance d’intérêts ? C’est sans doute la question que pose en creux ce nouveau chapitre ouvert à Washington. Reste à savoir si les acteurs régionaux sauront transformer cet accord politique en réalité sur le terrain — une réalité où les armes se taisent, et où les ressources nourrissent enfin les populations plutôt que les conflits.
Rédaction ✍️