Kananga, le 28 Mai 2023
La question des avortements clandestins à risque à Kananga est devenue un véritable fléau qui cause mort et désolation dans plusieurs familles de cette ville. Tel a été le cas d’une adolescente à travers une pièce de théâtre jouée samedi 27 mai 2023 par les membres de la Cellule estudiantine des recherches en médecine (CERM), dans la salle des cheminots.
Des saynètes présentent une adolescente ayant trouvé la mort des suites d’un avortement clandestin qui lui a été imposé par son enseignant, non autrement identifié.
Cependant dans la scène, l’auteur de la grossesse et initiateur de l’avortement, Robert, a été traduit en justice et condamné à 20 ans de prison ferme et à 10 millions de francs congolais d’amende pour ‘‘viol sur mineure et avortement criminel’’ par le Tribunal de grande instance.
Bien avant cette pièce, Dr Marlène Ndelela, coordonnatrice de l’ONG Cri du peuple Opprimé (CPO), a démontré au cours de son exposé qu’en RDC, la loi n’autorise que l’avortement thérapeutique. Selon elle, l’avortement ne peut être pratiqué que si une pathologie liée à la grossesse met en danger la vie de la mère. Mais cette défenseuse des droits de l’homme regrette que la réalité soit toute autre à Kananga et ses environs : de la petite pharmacie du quartier à l’hôpital, en passant par le centre de santé moins équipé, l’avortement est pratiqué au Kasaï Central, souvent en dehors de ce cadre prévu par le législateur.
L’occasion était également offerte au Dr Marlène Ndelela de condamner ce genre des pratiques et mobilisé les jeunes filles et femmes à prendre conscience de leur avenir et participer activement au développement de nos communautés.
La Présidente du département de femmes et santé de la CERM, Chrisnovie Okoko a, au nom de sa Présidente Rebecca Kitenge, remercié toutes les parties ayant concouru à la réussite de l’activité. Elle ajoute que cette activité culturelle avait pour but de sensibiliser les populations locales sur les conséquences des avortements provoqués, la sexualité et les points dans le milieu scolaire.
Eu égard aux réactions des participants enregistrées sur le lieu de la conférence débat, il s’avère impérieux d’organiser des séances de vulgarisation du Protocole de Maputo, dans son article 14, alinéa 2, qui offre aux femmes, l’opportunité de recourir à un avortement sécurisé, et selon les cas spécifiques. Également, sensibiliser les populations de Kananga sur les différentes méthodes contraceptives, afin de planifier les naissances.
Dans son speech précise-t-elle, en milieux ruraux, la méfiance et l’ignorance des méthodes contraceptives par des adolescentes sont à la base car lorsqu’elles tombent enceintes, elles recourent aux avortements clandestins. D’où, la nécessité d’introduire les notions de la santé sexuelle et de la reproduction dans des écoles afin de prévenir des catastrophes.
Elle a saisi cette occasion pour lancer un appel de sensibilisation sur questions liées à la santé sexuelle et reproductive des adolescents (élèves de toutes les écoles primaires et secondaires).
Rappelons que selon l’enquête démographique de la santé EDS 2013-2014, l’avortement clandestin est placé comme deuxième cause de la mortalité maternelle en RDC. Et 27% de toutes les grossesses proviennent d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans qui ont déjà eu une naissance vivante. Ces grossesses entraînent, très souvent, des avortements clandestins dans des conditions à haut risque.
Augustin Ngalamulume JC✍️